

LE COMPOSITEUR:
pierre boulez (1925-2016) reçoit des cours de piano à l' âge de 7 ans, aprés ses études il est admis en classe de mathématiques spéciales à lyon puis décide de s' installer à paris en 1942 pour se consacrer définitivement à la musique. il est l' élève d' olivier messiaen, compositeur contemporain épris de foi absolue
mais il quittera le conservatoire en 1945 pour aller étudier le sérialisme avec rené leibowitz mais il juge son enseignement trop rigide et finit par retrouver une complicité avec messiaen. il compose durant cette époque sa première sonate pour piano (1946) qui effectue la synthèse des influences récentes du jeune compositeur; puis se trouvent ses cantates le visage nuptial et le soleil des eaux appuyées sur des poèmes de rené char et souvent décrites comme sa période lyrique ainsi que sa 2° sonate pour piano (1948) écrite à 23 ans chef d' oeuvre du premier boulez.
au début des années 50 influencé par le mode de valeurs et d' intensités d' oilvier messiaen (1949) il s' oriente vers un sérialisme généralisé, dans cette quête il se livre à des expériences au studio de musique concrète de pierre schaeffer, l'initiateur de la musique concrète
mais l' entente entre les deux personnages n' est pas aisée, à cette époque il éprouve la conviction de se trouver à un tournant de l' histoire de la musique, il porte un regard lucide mais trés critique sur schoenberg, il précise que la technique sérielle n' est pas un décret mais une constatation, un aboutissement historique plutôt que le postulat hasardeux que se plaisent à y voir les détracteurs, il s' inspire de webern chez qui il admire la façon inédite de structurer l' espace sonore. il compose en 1954 le marteau sans maître qui est le fruit de toutes ses réflexions; en réaction aux techniques de composition aléatoire chez john cage, il introduit une part de hasard nettement plus contrôlé dans ses oeuvres dés 1957 en laissant à l' interprète le choix d' interpréter ou non certains fragments ou de changer leur ordonnance; il était influencé en cela par la typographie particulière du poème " un coup de dés jamais n' abolira le hasard" et du "livre" de stéphane mallarmé. il introduit une dose d' aléatoire les 5 années suivantes notamment lors de la composition "pli selon pli", il se nourrit autant de webern que de debussy trouvant dans leur style respectif un sens de l' ellipse, durant les années 50 et 60 il est un grand pédagogue alors qu' il est accaparé par son rôle de chef d' orchestre, il explore encore de nouvelles pistes en matière de composition. dans figures-doubles-prismes il s' intéresse davantage à l' aspect spatial de l' orchestration en faisant voyager les accords de timbre d' un groupe d' instrumentistes à l' autre.
cette manière qu' a boulez de réviser ses pièces donne souvent l' impression d' un manque de sûreté dans l' acte compositionnel alors que c'est précisément de l' inverse dont il s' agit. comme paul klee il se donne des règles pour les transgresser. l' écriture de boulez a la faculté de se nourrir d' elle même pour se développer au-delà d' un cadre formel préétabli qui lui fait rapprocher sa démarche du concept philosophique de "rhizome" défini en 1976 par deleuze et guattari. une question le hante, qu'est-ce au juste qu' une oeuvre achevée?
on retrouve sa conception des institutions avec l' IRCAM lieu de recherche et de créations musicales qu' il fonde en 1969 dans le cadre du centre georges pompidou.
LE CHEF D ORCHESTRE:
il est devenu chef d' orchestre moins par vocation que par nécessité, il commence à diriger des ensembles plus vastes dés 1957, les contrats s' enchaineront avec l' orchestre de cleveland en 1967 puis l' orchestre symphonique de la bbc de 1971 à 1975 en alternance avec celui de new york puis l' orchestre de chicago en 1995. il évoque le plus souvent debussy, stravinski et les musiciens de l' école de vienne, ravel, bartok et varèse et depuis peu mahler, il apprécie aussi berio,ligeti ou elliott carter, son intérêt pour l' opéra reste vivace, à l' occasion du centenaire de la tétralogie au festival de bayreuth il fait équipe avec patriche chéreau et ce sera aprés quelques polémiques un triomphe absolu; il collaborera aussi avec pina bausch, maurice béjart et bartabas, on le voit s' intéresser à des compositeurs comme frank zappa, l'explorateur de tous les styles musicaux , bruckner, szymanowski janacek et andré jolivet; son style de direction souvent qualifié d' analytique participe le plus souvent à la beauté de l' oeuvre, son oreille absolue réputée infaillible alliée à la rigueur de sa gestique lui permettent si besoin est de remettre l' instrumentiste fautif sur le droit chemin.
un personnage exigeant, un génie visionnaire doublé d' un des plus grands chefs d' orchestre en musique contemporaine. ce compositeur et chef d'orchestre français figure majeure de la musique contemporaine est décédé le 5 anvier à baden-baden en allemagne où il habitait